Parkinson et Addiction au jeu de hasard et d’argent

Les troubles du contrôle des impulsions (TCI) sont des effets secondaires fréquents de la thérapie par agonistes dopaminergiques utilisée dans le traitement de la maladie de Parkinson. 

  • Ils apparaissent principalement comme un effet secondaire des substances dopaminergiques, et exceptionnellement sous monothérapie par L-dopa 
  • Le risque semble différer entre les différentes substances, probablement en fonction de leur affinité pour le récepteur dopaminergique D3, les substances les plus souvent impliquées étant le pramipexole, le ropinirole et la pergolide 
    • La L-dopa, en revanche, est un précurseur de la dopamine activant tous les types de récepteurs 

Les TCI sont caractérisés par des comportements répétitifs, excessifs et compulsifs mettant en danger la personne elle-même ou d’autres personnes et qui interfèrent avec les principaux domaines du fonctionnement quotidien 

  • Les TCI incluent notamment l’hypersexualité, les achats compulsifs, l’hyperphagie et l’addiction au jeu de hasard et d’argent 
    • Mais aussi : le punding (comportements stéréotypés, répétitifs et sans but), le hobbyisme (lecture, travail artistique, bricolage, collectionnisme etc. excessifs), la déambulation (errance excessive sans but) et le hoarding (acquisition et incapacité à se débarrasser d’un grand nombre d’objets ayant peu ou pas de valeur objective) 
  • Dans la plupart des cas, le jeu problématique commence dans un délai d’un mois suivant l’introduction ou l’augmentation de la dose de l’agoniste dopaminergique 
    • Les conduites addictives sont typiquement soudaines chez des patients auparavant plutôt averses au risque et anhédoniques  
    • Les symptômes de l’addiction au jeu de hasard et d’argent peuvent se développer en combinaison avec d’autres TCI 
  • La prévalence de l’addiction au jeu de hasard et d’argent chez les patients avec Morbus Parkinson traités par dopaminergiques est deux à cinq fois plus fréquente que dans la population générale. 
  • Le TCI survient typiquement en dehors de toute détérioration cognitive, ou d’autres complications neuropsychiatriques observables dans la maladie de Parkinson avancée 
  • L’effet ne semble pas être dose-dépendant 
  • Les facteurs de risque démographiques et cliniques rapportés sont  
    • Age plus jeune au moment de l’apparition de la maladie de Parkinson 
    • Sexe masculin 
    • Antécédents de dépression ou d’addiction 
    • Troubles du comportement en sommeil paradoxal  

On considère aujourd’hui que les TCI sont dus à une activation excessive des structures cibles du système dopaminergique méso-cortico-limbique. Ce système est distinct de la voie nigro-striée, dont la dégénérescence est la cause du Morbus Parkinson. Le système méso-cortico-limbique ne dégénère que tardivement dans le Parkinson 

  • Sur le plan thérapeutique, une réduction de la dose puis, dans la plupart des cas, l’arrêt de l’agoniste dopaminergique s’imposent
    • Ceci va normalement permettre de contrôler les conduites de jeu excessif après quelques jours à quelques semaines 
  • Les antipsychotiques et les antidépresseurs sont rarement efficaces 

A lire :  

  • Nadeau D, Giroux I, Dufour J, Simard M. Jeu pathologique chez les patients atteints de la maladie de Parkinson. Santé mentale au Québec 2012 ; 37(1): 189–202 
  • Marques A, Durif F, Fernagut PO. Impulse control disorders in Parkinson’s disease. J Neural Transm 2018;125(8):1299-1312 
  • Burkhard PR, Catalano-Chiuvé S, Gronchi-Perrin A, Berney A, Vingerhoets FJ, Lüscher C. Troubles du contrôte des impulsions et maladie de Parkinson. Rev Med Suisse. 2008;4(156):1145-8 
  • Zhang JF, Wang XX, Feng Y, Fekete R, Jankovic J, Wu YC. Impulse Control Disorders in Parkinson’s Disease: Epidemiology, Pathogenesis and Therapeutic Strategies. Front Psychiatry. 2021 Feb 9;12:635494. doi: 10.3389/fpsyt.2021.635494. PMID: 33633615; PMCID: PMC7900512. 
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