Ghost writing

Une forme de stratégie promotionnelle sournoise est la pratique des sociétés pharmaceutiques à réaliser des recherches et à rédiger (ou faire rédiger par des firmes spécialisées) des articles pour des revues médicales, en les faisant publier sous le nom d’universitaires qui n’ont joué aucun rôle ou un rôle insignifiant dans le processus de recherche et de rédaction. Tout ceci afin de rendre l’article plus crédible et dissimuler les conflits d’intérêts, donner à la recherche un vernis d’indépendance et de crédibilité.

  • Dans des cas extrêmes (mais pas rares), les entreprises pharmaceutiques paient les essais réalisés par des organismes de recherche sous contrat (Clinical Research Organizations, CROs), analysent les données en interne, font rédiger des manuscrits par des professionnels, demandent à des universitaires d’être les auteurs de ces manuscrits et paient des sociétés de communication pour les faire publier dans les meilleures revues.
  • Un auteur « fantôme » ne manifeste pas comme auteur du rapport bien qu’il le rédige. Son nom n’est pas cité sur la liste des auteurs
  • Un auteur « fantôme » est ainsi quelqu’un qui a rédigé le rapport, mais ne figure pas dans la liste des auteurs
  • Ces articles sont fantomatiques (“ghostly”) parce que les signes de leur production réelle sont invisibles.  – les auteurs universitaires dont les noms apparaissent en haut des articles gérés par des fantômes donnent à la recherche sur les entreprises un vernis d’indépendance et de crédibilité
  • Pendant les périodes clés de commercialisation, jusqu’à 40 % des articles publiés sur des médicaments spécifiques sont gérés par des ghost writers
  • L’évaluation par les pairs (le peer review) et l’exigence de déclarer les conflits d’intérêts ne se sont pas avérées efficaces pour contrer le problème
    • Ceci a amené de nombreuses revues scientifiques à introduire la méthode « générique cinématographique » (film credit model), qui demande de manière ferme aux auteurs de préciser leurs rôles, et de lister toutes les personnes qui ont contribué au travail
    • Une autre méthode pour freiner cette pratique est d’interdire aux universitaires d’accepter de signer de tels articles et de sanctionner par des mesures disciplinaires ceux qui le font
  • La pratique du ghost writer est à distinguer de celle (aussi problématique) de l’auteur invité. Ce dernier figure dans la liste des auteurs, sans avoir contribué́ au rapport. Il s’agit habituellement d’une personne dont le nom peut servir à donner du poids et de la crédibilité à l’article. Les deux types de relations (ghost writer et auteur invité) sont contraires aux principes de l’imputabilité et de la responsabilité des auteurs. 

À lire : 
Sismondo S. Ghost management: how much of the medical literature is shaped behind the scenes by the pharmaceutical industry. PLoS Med. 2007;4:e286.

Auteurs : Daniele Zullino, Gerard Calzada, Stéphane Rothen

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