Il y a dissonance cognitive lorsque le comportement ou le vécu de la personne est en conflit avec ses connaissances ou ses convictions.
Une dissonance ne peut exister que par rapport à des comportements, des attitudes et des situations conscients.
- L’exemple typique en addictologie est celui du fumeur qui persiste dans sa consommation, tout en étant conscient du fait que fumer est mauvais pour sa santé.
Il y a dissonance quand les conditions suivantes sont réunies :
- L’individu doit se sentir responsable de son comportement
- Le comportement doit avoir des conséquences négatives et prévisibles
L’intensité de la dissonance cognitive et la tension ressentie sont une fonction de :
- L’importance des cognitions spécifiques pour le sujet. Plus elles concernent des valeurs fondamentales de la personne, plus la dissonance sera perturbante.
- La proportion des cognitions dissonantes. Plus il y aura de cognitions dissonantes par rapport aux cognitions consonantes, plus la dissonance risque d’être forte.
L’inconfort de la dissonance pousse le sujet à la réduire, et l’effort pour réduire la dissonance sera proportionnel à son ampleur. Il y a trois façons de réduire la dissonance :
- Modification du comportement de façon à le rendre compatible avec les autres éléments cognitifs. P.ex. Arrêter la consommation
- Modification l’environnement de façon à le rendre compatible avec son comportement. P.ex. réduction des risques par changement du produit consommé (substitution)
- Ajout de nouvelles cognitions pour relativiser la dissonance ou justifier le comportement
- Minimiser le risque couru
- En le relativisant (« il y a pire »)
- En lui conférant un caractère exceptionnel (« c’est peu probable que ça m’arrive à moi »)
- Justifier son comportement
- En évoquant des contraintes (« Vu mes souffrances, je ne peux faire autrement »)
- En évoquant des préférences et une pesée des arguments (« Boire du bon vin est acte culturel bien plus important pour moi que rester en bonne santé »)
- En se déchargeant de sa responsabilité (« Mon médecin s’en occupera »)
- Minimiser la dissonance
- Par la connaissance du danger et donc la possibilité́ de l’éviter (« Je sais ce que je fais »)
- Par le fatalisme (« On doit tous mourir d’une cause ou d’une autre »)
- Par la bravade (« J’ai déjà survécu à pire »)
- Par l’humour
- Minimiser le risque couru
A lire :
– Draycott S, Dabbs A. Cognitive dissonance 1: An overview of the literature and its integration into theory and practice in clinical psychology. British Journal of Clinical Psychology. 1998;37:341-353.
– Draycott S, Dabbs A. Cognitive dissonance 2: A theoretical grounding of motivational interviewing. British Journal of Clinical Psychology. 1998;37:355-364.